LIEUX ASSOCIÉS
U
ne compagnie de théâtre et un lieu culturel qui s’associent, c’est décider pour quelques années de faire cheminer des équipes côte à côte, des projets coude à coude, des territoires terre à terre et peau à peau.
C’est faire dialoguer des réalités si proches mais pas situées sur la même rive, c’est changer de bord pour regarder autrement.
C’est un lieu qui accueille par tous les temps les projets de la compagnie, les spectacles en création et les petites folies des interstices. C’est toute la compagnie qui vient colorer les rendez-vous de la vie du lieu, une ouverture de saison, une nuit de la lecture, un choix de programmation.
C’est tout un tas d’humains, avec l’art au creux des reins, qui se donnent le luxe du temps pour faire ensemble.
Théâtre Le Sillon
Quand Fabien Bergès est nommé à la direction du Théâtre de Clermont-l’Hérault en 2014, il propose aussitôt un compagnonnage à Périne Faivre et son équipe. C’est que leur rencontre ne date pas d’hier. Fabien et Périne se connaissent depuis plusieurs années, ils ont le même âge, le même parcours, ils ont fait les mêmes études ; des frères et sœurs d’aventures dirait-on. Une compagnie et un théâtre en milieu rural, voisins de dix kilomètres, ils n’auraient pas rêvé mieux, l’un et l’autre pour nourrir leur désir d’un théâtre enraciné et voyageur.

Cheminer avec Le Sillon, c’est faire de ce lieu notre maison et de son territoire notre jardin. C’est jouer des spectacles mais surtout rêver les prochains dans un espace familier. Décider de réfléchir dans le bureau de Lolo, essayer une scène sur le plateau, faire une rencontre dans l’auditorium et dire un texte dans les loges ou le couloir qui donne sur la rue. C’est marcher pieds nus quand tout le monde est parti et faire salon avec les fantômes du Théâtre de la nuit. C’est retrouver une équipe-famille qui rassure et questionne et titille et accueille. C’est imaginer ensemble des projets toujours plus fous qui font dormir les spectateurs dans le Théâtre ou manger des soupes aux quatre coins des villages et des maisons inconnues. C’est faire monter nos voisins dans des bus d’Ambassadeurs pour découvrir une programmation qui nous fait rougir les oreilles. C’est être à l’écoute de cette belle équipe du Théâtre pour nourrir comme on peut leurs envies de nos petites folies. Être associé avec un Théâtre c’est du temps passé entre humains, ruffe et garrigue pour rêver l’art au cœur de la vie des gens.
Le Fourneau
L’histoire avec le Fourneau remonte à 2013. Nous sommes invités à jouer Livret de famille à Quimperlé dans le cadre du festival des Rias. Rendez-vous à 10h10, quartier Kerbertrand. Pour une compagnie dont c’est le premier spectacle écrit pour la rue, aller jouer en terre de Bretagne avec Le Fourneau, cela sonne comme une consécration ! A partir de là, le lien ne fera que se tisser et s’approfondir. Brest et le pays de Quimperlé vont devenir, dans les années suivantes et jusqu’à aujourd’hui, une deuxième maison, entre résidences de création, d’écriture, diffusion des spectacles et projets particuliers. Nous gardons notamment un souvenir très fort d’un projet à la maison d’arrêt de Brest : après avoir joué J’écris comme on se venge pour les détenus, s’en sont suivis 10 jours d’ateliers d’écriture et d’arts plastiques.

Et puis ce fut l’aventure de la création des Tondues avec, entre autres, la mise en place du premier choeur des Tondues au Relecq-Kerhuon jusqu’à des représentations uniques à Quimperlé où les spectateurs nous rejoignaient en bus.
Quand Caroline Raffin a pris la direction du Fourneau en 2019, elle avait inscrit dans son projet le souhait d’associer une équipe artistique à la vie de la structure, c’était Les Arts Oseurs. Nous sommes ravis de poursuivre l’aventure, de retrouver l’équipe à chaque retour, d’avoir la chance d’un terrain d’expérimentation fertile entre grande halle, port de commerce, ville de Brest et Capucins. Et l’Abeille Bourbon qui veille…
Pronomade(s)
«J’ai vraiment failli ne pas venir. Avec le nom que vous avez, il a fallut me tirer par la manche ! » Philippe Saunier-Borrel, 2012. A peu de choses près, ce fut les premiers mots de Philippe après avoir vu Livret de famille à Chalon dans la Rue et le début d’une grande histoire entre Les Arts Oseurs et toute l’équipe de Pronomade(s), sur le territoire du Comminges.
Et voici que naissait à nos yeux, notre troisième port d’attache avec l’Hérault et le Finistère. Les Thermes ont vu nos enfants grandir. Grâce à Bernard, le cuisinier, ils ont bien grandi d’ailleurs.

Nous avons joué Livret de famille dans les villages, J’écris comme on se venge au Lycée à Saint-Gaudens, nous avons passé une longue résidence de création pour Les Tondues et sommes venus deux années de suite jouer le spectacle de Bagnères de Luchon à Carbonne. Et c’est avec Marion Vian que nous avons conçu et vécu un projet au long cours avec les élèves de la 1ère STMG du Lycée Bagatelle. Ce voyage qui a nous tous profondément marqué s’est terminé par une longue déambulation sous la neige entre la cour et les coeurs, les couloirs et les histoires, l’adolescence et la vie qui commence.
Quand Marion et Philippe nous ont proposé de devenir compagnons de route, on a dit oui ! Oui à l’aventure qui continue, oui revenir en création, oui mettre notre grain de sel dans la programmation, oui à la réflexion commune, oui aux cartes blanches, oui !